jeudi 27 janvier 2022

48h à Nice, doux hiver en contre-jour ...



Pour une nouvelle intervention artistique, je me suis retrouvée à Nice au mois de décembre. Ne connaissant pas la ville, je décide d’aller au musée Matisse dans les hauteurs de Nice. Ce qui m’étonne au premier abord, est qu’il y a des palmiers partout, sur la promenade des anglais, dans les belles villa et au moindre coin de rue …
 


La maison de Matisse a une vue imprenable sur la ville. Je m’imagine le peintre se nourrir de la magnifique lumière jour après jour. Juste en face, entre deux jardins méditerranéens, se déploient de petites arènes avec vue sur l’arrière pays. Quelle délectation de saisir la végétation dans un ciel si bleu et sous les doux rayons du soleil matinal.
À côté, la villa Regina, sur le haut de la colline a un très beau jardin avec des palmiers qui se détachent dans un contre-jour sublime.
Je descends à pied jusqu'au musée d’art moderne et contemporain. L’exposition Daniel Spoerri est dingue et la collection permanente très riche. L’architecture, un peu massive, offre des vues cadrées sur le vieux Nice. Les structures métalliques renforcent le contraste des couleurs denses du paysage méditerranéen.
 


Ma descente se termine sur la ballade des anglais et sur la plage de galets. Le temps est merveilleux, les gens profitent de la douceur et je me mets à peindre une grande aquarelle, sur deux pages, pour saisir l’ampleur de cette vue. Le temps est comme suspendu entre couleurs denses, scintillements de lumière, ressac des vagues sur le rivage et cris des mouettes.
C’est un régal … peindre permet de prendre le temps de contempler, observer, écouter et s’imprégner. Être vraiment dans le monde et dialoguer avec lui. Que l’on réussisse ou pas, que l’on obtienne le résultat « attendu » ou que l’on soit surprise par ce que l’on produit, ce n’est pas le plus important. Ce qui compte pour moi est d’être là et de raconter de la manière la plus juste l’instant présent.



Il reste une dernière chose à faire avant le coucher du soleil, monter la colline du château, il paraît que la vue y est imprenable. Chaque palier, chaque balcon sur la baie des anges, propose une vue incroyable. Les pins parasols se découpent merveilleusement sur le ciel qui se colore de rose. Je sors mon matériel rapidement, fébrilement, je sais que je vais avoir très peu de temps et que la boule de feu du soleil va disparaître trop vite. Je n’ai pas le temps… le résultat est mauvais mais peu importe, la lumière est restée imprimée dans mon œil et ma tête.


Il est 17 heures, il fait quasi nuit mais je commence quand même une nouvelle aquarelle. Le dessin des pins parasols découpe le ciel magnifiquement. Je suis dans un théâtre d’ombres, les mouettes continuent à crier, des passants vont et viennent, des amoureux s’embrassent.
La nuit est trop dense, je continue à peindre mais je ne vois plus rien… je dois abandonner et remballer mon matériel … je redescends la colline dans le noir, il n’est même pas 18h. La baie des anges s’est mise à scintiller des lumières nocturnes et les déco de noël des palmiers ne sont pas vraiment à mon goût …
 


Le lendemain matin, je commence la journée par une aquarelle de la promenade des anglais. Le sol rouge est mouillé, le ciel bleu pur s’y reflète, je suis assise sur une des chaises métalliques bleues typiques. C’est un parfait cliché de carte postale … et pourtant ce matin tôt est divin.
Comment casser ce cliché ? En allant peindre les grues et les bâtiments en travaux près de la gare juste avant de prendre le train. On retrouve les enduits jaunes des bâtiments mais ils sont modifiés par les grues rouges et structures métalliques qui zèbrent le ciel.

 
Je quitte Nice avec cette lumière méditerranéenne inégalable, douce et intense à la fois.

[ aquarelles 40x30cm sur papier aquarelle – ©Marion Rivolier ]