mercredi 2 décembre 2020

Extinction Rebellion, action « Le monde à l’endroit », RIO ...



La Rebellion Internationale d’octobre, RIO, débute le 11 octobre en France. Avec Mat Let, nous souhaitons participer à l’action Le monde à l’endroit en tant que dessinateurs, «mediactivistes» ou «artivistes» ; en tout cas, que nos dessins racontent les moments que l’on va passer ensemble. Cette action doit commencer mardi 13 octobre et durer trois jours mais nous ne savons pas exactement comment elle va se dérouler. Nous assistons à un brief bien flippant (avec tous les conseils juridiques à connaître en cas de garde à vue), cela refroidit un peu mais on ira quand même.



Rendez-vous donc le matin du 13 octobre, quelque part, pour prendre plusieurs fois le métro et arriver sur les lieux alors que l’occupation a débuté depuis 13 minutes : nous sommes à l’angle du boulevard Saint-Germain et du boulevard Raspail, à côté du ministère de l’écologie. Les forces de l’ordre sont déjà là. Je sors le minimum de matériel car je sais que l’on va devoir dessiner très rapidement car cela ne va pas durer longtemps. L’encre noire diluée plus une couleur donneront de la cohérence à cette série.

Les rebelles sont armslocké.e.s au sol, à distance de plus d’un mètre, il pleut, ils sont trempé.e.s. Les forces de l’ordre commencent à « nasser » les rebelles dans les angles du carrefour. Ils démontent les structures, drapeaux et banderoles… On entend, au loin, les discours de rebelles qui s’enchaînent. Les forces de l’ordre sont très nombreuses. Cela crée une forte tension. Ils se mettent à quatre pour transporter les rebelles accroché.e.s ensemble à l’aide de tubes et relié.e.s par une palette en bois. Les rebelles hurlent. Cela fait mal aux bras et aux main. Les FDO utilisent des masses et des disqueuses pour « libérer » les rebelles. Il y a des blessé.e.s. C’est horrible. En plus, pour faire ce sale boulot, ils tendent des bâches pour nous empêcher de voir ; on n’entend que les cris…



J’enchaîne les dessins, il y a énormément de tension et beaucoup de violence, ce n’est pas du tout le tour que cela devait prendre… Certains rebelles, les « climbers », sont monté.e.s sur les lampadaires ou se sont accroché.e.s dans des hamacs à plusieurs mètres du sol. Ils sont tou.t.e.s délogé.e.s les un.e.s après les autres. On voit un grand bus de la police arriver, il va emmener plusieurs grappes de rebelles au commissariat pour contrôle d’identité ou plus.

Pendant ce temps là, un nouveau groupe s’est mis à chanter de nouveaux révolutionnaires mettant en musique les revendications d’XR et le constat qu’il est déjà bien tard et que l’on doit agir au plus vite.



Dans la nasse, cela fait plus d’une heure trente qu’un rebel discute avec une CRS, lui expliquant les tenants et aboutissants de l’action. C’est un médiateur. Dans ces actions chacun prend un rôle pour participer de manière la plus efficace possible. Il ne pleut plus et je peux m’avancer vers la nasse pour croquer ces moments.

Trois heures après notre arrivée, les FOD nous demandent de reculer, ils évacuent la zone tout en gardant nassée une petite centaine de personnes. Éprouvés par ces moments intenses, nous décidons de quitter les lieux, nous sommes rincés et n’auront plus d’énergie pour faire d’autres dessins aujourd’hui.

[ aquarelles 30x40cm sur papier aquarelle – ©Marion Rivolier 2020 ]