Après le déjeuner, je m’interroge sur la suite; je ne suis pas très intéressée par la réalisation d’un catalogue des maisons, église et hôtels particuliers de Dijon, même si l’architecture est ici exceptionnelle, avec des modénatures et sculptures complexes et raffinées... les autres dessinateurs feront cela très bien. Je recherche un peu de décalage, ou de scénographie dans cette ville. Le parc Darcy et sa fontaine centrale font vibrer la végétation autour, digne d’un jardin botanique. Je joue sur la répétition, les ombres et lumières qui dessinent les éléments sans les décrire ou les enfermer dans une ligne continue.
Après ce bon échauffement, il est temps de s’attaquer à l’ours célèbre de François Pompon. Ne pas le dessiner, le garder en réserve , et surtout essayer de capturer ses courbes un peu étranges. Ce sont les arbres et arbustes, en couleurs et en valeurs qui me permettent de le faire apparaître. Je suis à l’ombre des feuillages pour m’abriter de la chaleur et ils portent ombre sur mon dessin, donc pas simple à gérer ... nous sommes aussi beaucoup sollicités par les passants qui se demandent pourquoi tant de gens dessinent. Ils pensent qu’il y a concours de peinture. Quand on leur répond que c’est une rencontre amicale d’Urban Sketchers et qu’il n’y a rien à gagner, ils restent interloqués... de nos jours, rassembler 350 personnes avec aucun prix à la clé leur semble absurde. Et bien pour nous, c’est ce pourquoi nous le faisons, échange et partage dans la générosité et l’amitié!
Je finis la journée avec le carnet zig zag offert par Hahnemuhle ; je le traite d’un seul geste, le grand panorama du jardin Darcy. Accordéon , pas simple à utiliser ...
Je crois que j’ai bien décalé le propos aujourd’hui, peindre du végétal dans une ville principalement minérale, c’est un pas de côté, non?
Dernier jour, je me concocte un programme extrêmement décalé.
Le matin , c’est la Halle pour le brunch du dimanche que nous croquons sous toutes les coutures. Nous avons la chance d’accéder sur un balcon en hauteur avec une vue sur toute la structure, c’est impressionnant et un peu casse-gueule, quand même... structure de Baltard en bleu avec fanions rose vert blanc et bleu, peu de contrastes à l’intérieur de la halle... puis croquis des croqueurs à la buvette, l’équipe semble ravie.
Ensuite petite trotte pour aller jusqu’au Consortium, centre d’art contemporain . Le bâtiment , un peu perdu, dans un quartier moins clinquant que le centre, est superbe. Sur la base d’un bâtiment années 30, une partie contemporaine a été ajoutée. De grandes baies vitrées de part et d’autre, donnent à ce bâtiment l’illusion qu’il est transparent. L’entrée joue le contraste entre l’opacité et la transparence, le bas-relief géométrique blanc et les vitres qui reflètent les couleurs alentours.
Au centre du patio, un lampadaire plié de Mark Handforth crée un accident dans l’ordre strict de l’architecture.
Je termine la journée sur la rue des Périerres, qui offre une vue sur les voies ferrées avec en arrière plan les bâtiments et églises emblématiques de Dijon dont la silhouette se découpe sur le ciel.
C’est un challenge, mais ça vaut le coup, cette vue est très belle!
Week-end réussi grâce à l’équipe organisatrice, à leur gentillesse et à leur gestion impeccable d’un groupe de 350 personnes!
[ aquarelles 36x48cm sur papier aquarelle ]