jeudi 26 septembre 2019

Ganvié à la nuit tombante ...


Il y a quelques jours, j’étais de retour à Cotonou pour le projet de musée de la mémoire et de l’esclavage. La réunion de restitution a lieu le vendredi mais entre temps nous n’avons pas vraiment bloqués de rendez-vous.
Ainsi, lorsque notre collègue Pierre nous propose d’aller voir les balises installées sur le lac Nokoué pour marquer la route depuis l’embarcadère jusqu’aux maisons de Ganvié, nous sautons sur l’occasion.
Je ne sais pas trop à quoi m’attendre. Cette cité lacustre a été fondée par les captifs et esclaves en fuite. Elle raisonne fortement avec l’histoire et la mémoire que nous souhaitons transmettre dans le projet du musée de Ouidah. Je sais aussi que les habitants y sont très pauvres et n’aiment pas voir les touristes naviguer autour d’eux et les prendre en photo...

L’embarcadère fourmille d’activité, les femmes vendent les poissons et les enfants courent partout. Nous nous installons dans une pirogue à 10 cm de l’eau, ce n’est pas très stable. J’ai l’impression que je vais prendre l’eau à tout instant. J’accroche ma palette à mon carnet et je tiens fermement mes pinceaux. La nuit va bientôt tomber. Je capture les couleurs et l’atmosphère rapidement C’est à la fois sublime et effrayant.


Nous parcourons 5 km jusqu’aux premières maisons sur pilotis, je les croque rapidement, je ne vois plus rien, il fait noir... tout est humide et j’ai les mains pleines de peinture.
Le reste du parcours se fait à la clareté de la lune, nous passons entre les maisons et les jacinthes d’eau, c’est le plus grand dénuement pour ces habitants. Mais les balises leur permettent désormais de se diriger la nuit, notamment les femmes qui souvent se perdaient.
À deux kilomètres de l’embarcadère, le moteur tombe en panne et le parcours se termine péniblement à la rame pour nos guides.

C’est une expérience fabuleuse, j’aimerais pouvoir peindre plus longuement à la lumière du jour. Le projet en cours, la construction de 400 maisons et le collège, pourraient améliorer vraiment la vie des habitants de Ganvier.


Le lendemain, il pleut depuis 5 h du matin mais nous décidons d’aller quand même à Ouidah. Nous voulons vérifier les emplacements des stations patrimoniales dans le Fort Portugais, là où se trouvera le futur musée. Sur la route, les zems sont nombreux, ils tentent d’éviter les grandes flaques d’eau. Au fur et à mesure, la terre devient de plus en plus rouge. C’est la fameuse latérite riche en fer. Le long de la route l’activité des vendeurs et vendeuses peine à commencer à cause de la pluie. Tout est trempé et les grandes flaques d’eau sont difficiles à éviter.
À Ouidah, le Fort semble transformé par la pluie, c’est intéressant de le percevoir autrement et d’imaginer notre projet étape après étape.


Ensuite, nous retournons à la fondation Zinsou, et apprécions de nouveaux artistes et œuvres de la collection. C’est passionnant de découvrir le pays par le biais de sa culture.
Je capture des morceaux de vie sur la route de Ouidah à Cotonou. Je m’intéresse au rapport entre la végétation luxuriante qui tranche avec la couleur rouille de la latérite. L’activité a repris, beaucoup de femmes vendent des pastèques et plein d’autres choses le long de la route.
J’aime ces prises de note colorées et dessinées le long du trajet ...


Le vendredi nous passons beaucoup de temps en réunion mais plus tard, nous avons la chance de rencontrer le sculpteur Glélé dans son atelier. J’espère que j’aurais la chance de pouvoir le croquer une prochaine fois.

Ce qui m’a vraiment marquée cette fois-ci c’est la végétation très verte, fleurie et étonnante. Il fait chaud mais c’est la petite saison des pluies alors il pleut au moins une fois par jour. Les ciels sont plus variés et riches à peindre.

[ aquarelles 21x60cm sur carnet Moleskine aquarelle ]

mercredi 18 septembre 2019

Mon premier workshop à la campagne ! ...


Début septembre, j’ai donné un stage d’aquarelle sur la proposition d’Art’Image à Durtal. Avec les 10 participants, nous sommes accueillis au Chaudron par Pascal et Rogine et nous restons ensemble toute la journée pour pouvoir échanger en profondeur.
Je propose d’explorer l’espace rural, la végétation, le ciel et l’eau, les bâtiments et les habitants, au fil du pinceau et de la couleur, à l’aquarelle. Chaque jour est consacré à travailler un thème, en extérieur, sur le vif.

Je ne connais pas la région, j’ai donc commencé par un repérage des différents lieux appropriés pour les 5 jours de workshop. Il s’agit de mettre en adéquation ce que l’on souhaite enseigner et les lieux et sujets que l’on va peindre.
J’ai très peu de temps pour peindre mais je profite des fins de journée pour capturer l’ambiance et la lumière du jour.
Le lac Chambiers est un merveilleux sujet pour parler des valeurs colorées et des contrastes de température. Les reflets, qui vont et qui viennent à cause du vent, sont d’une grande beauté.


C’est notre journée à Angers, le quatrième jour, qui me donne l’opportunité de faire une courte démonstration devant les stagiaires. Nous avons un grand panorama depuis la rive du Loir avec vue sur le château au lointain. Je commence par le ciel car c’est son traitement qui va générer tout le reste de la composition. Mon pinceau virevolte rapidement devant les yeux intéressés de mes stagiaires. L’exercice est compliqué car j’explique au fur et à mesure ce que je suis en train de faire. Je mets l’accent, ce jour-là, sur les contrastes colorés qui permettent d’accentuer la profondeur de l’espace.


Le dernier jour se déroule à La Flèche, nous avons la chance d’avoir très beau temps et d’être au calme. Je me régale à jouer avec les tons de verts du plus clair et chaud au plus foncé et froid. Travailler les reflets devient une sorte de méditation.

Pour la première fois depuis une semaine, nous avons l’opportunité de peindre une architecture contemporaine. Je travaille sur le contraste entre le béton clair, baigné de lumière et les ombres chahutés des arbres et des reflets dans le Loir.
Nous avons passé une très belle semaine à échanger et à partager.


[ aquarelles 36x48cm sur papier aquarelle ]

jeudi 12 septembre 2019

De Saint-Briac à Paris, en passant par Suze-la-Rousse, rentrée des expositions ...


Quelques petites nouvelles de rentrée:
Je serai à Saint-Briac pour une résidence d'artistes du 18 au 22 septembre avec 10 amis artistes. Nous exposerons nos travaux les samedi 21 et dimanche 22 septembre au Presbytère à Saint-Briac.

J'exposerai mon travail "Croisée de regards" à Suze-la-Rousse au festival Vent-Debout les samedi 28 et dimanche 29 septembre.

Je travaillerai sur la reprise du Petit Prince, spectacle bilingue en langue des signes et français, à IVT, cité Chaptal à Paris, en octobre avec des représentations du 12 au 18 octobre.

Au plaisir de vous croiser en Bretagne, en Provence ou à Paris dans ces prochaines semaines.

[ Affiche de Saint- Briac, graphisme : Marion Rivolier et aquarelle : Brigitte Lannaud Levy ]

samedi 7 septembre 2019

Éclats de rire sur la plage de Deauville avec le Secours Populaire ...


Cela fait quelques mois qu’avec une équipe de Urban Sketchers Paris, je travaille bénévolement avec le Secours Populaire. Cet été, ils nous ont proposé de venir croquer la Journée des Oubliés des Vacances à Deauville : 5000 enfants accompagnés de 1500 bénévoles sur la plage de Deauville.

Réveil très matinal pour un départ de Châtelet vers 6h45 dans un bus d’accompagnants, médecin, responsable baignade, staff et trois dessinateurs, Brigitte, Mat Let et moi, complètement endormi jusqu’au premier café sur une aire d’autoroute…

A notre arrivée, nous découvrons une organisation et des installations incroyable : chaque fédération d’Ile de France a un camp de base avec une grande tente et des drapeaux à planter sur les 30 à 50 mètres de plage réservés. Les cars d’enfants arrivent au fur et à mesure, ils sont équipés de tee-shirts colorés et de casquettes ce qui permet de ne pas les perdre.

Je commence par une aquarelle près de l’eau ; la mer est montante, je me méfie et recule à plusieurs reprises… Pourtant, je n’échappe pas à la vague qui balaie mon matériel et ma serviette ! Tout est trempé sauf mon papier. La baignade est très organisée : les bénévoles en combinaison tiennent une ligne de bouée et créent un bassin : les enfants s’amusent à l’intérieur de ce périmètre. Je retranscris la vie, la joie et le bonheur de ces enfants d’être là mais je ne parviens pas à transmettre les cris et les voix. C’est très touchant de les voir si heureux.


Je rejoins mes camarades pour le pique-nique et j’en profite pour m’attaquer au camp de base de la fédération 75. Le code couleur est le noir pour les tee-shirts et les casquettes mais les maillots de bain et les serviettes créent des touches colorées dans cette océan de sable et de mer !


Ma série sur la foule continue, comment traiter ce grand nombre ? Comment rendre cette vie et cette énergie ? J’essaie de m’approcher au plus près mais la mer est encore montante et je ne veux pas me retrouver trempée comme toute à l’heure. Les enfants virevoltent dans tous les sens, j’adore tenter de saisir cette vie, ces poses et ces attitudes dans un geste rapide et sans repentir. C’est la baignade des « rouge » (le 93, je crois) alors c’est gai à peindre.


Je commence à avoir un peu chaud alors je remonte à la recherche d’un peu d’ombre. Je me retrouve dans l’aire de jeux des « jaunes » (92) et je croque les enfants jouant le suns après les autres. Deux ado viennent me voir et me demande de dessiner avec moi. Je leur donne du papier et des crayons et nous travaillons ensemble. Elles sont charmantes et l’une d’entre-elles est vraiment douée pour le dessin.


Puis du côté de la fédé 75, je retrouve Nour et Melissa, deux fillettes qui suivent nos ateliers à Paris, leur mère est là aussi. Je croque l’une des jumelles pendant que l’autre part à la recherche de Mat. C’est l’heure des glaces, bâtonnet fraise ou ananas, les enfants se régalent.
C’est déjà le moment de tout ranger, de nettoyer un peu le sable sur les pieds et de reprendre le car. Les enfants auraient voulu rester plus longtemps et nous aussi.

Arrivés à Châtelet à 22h, Mat Let est encore en short de bain, la serviette autour du cou et j’ai les pieds plein de sable dans mes baskets. Un dernier souvenir de cette superbe journée qui a réchauffé tous les cœurs.

Vivement l’année prochaine, on rempilera pour les JOV 2020, c’est sûr !

lundi 2 septembre 2019

La sublime lumière de Marseille m’enchante ...


Marseille est très étendue, de grandes et de petites plages s'étalent le long de la ville construite.
Je prends le bus pour la plage du Prado.
C’est depuis la plage de Roucas Blanc, bondée et trop venteuse pour se baigner, que je capture cette lumière sur les collines rocheuses, si changeante. Les baigneurs du premier plan sont agglutinés les uns sur les autres, ils sont rôtis à souhait!


Le dernier jour, je choisis le miroir renversé de Norman Foster. C’est une des prouesses et célébrités architecturales de Marseille (avec la tour CMA CGM de Zaha Hadid, la cité radieuse de Le Corbusier, etc). Je préfère le peindre le matin car l’affluence est telle à partir du milieu de la matinée que c’est impossible de ne pas se faire piétiner. Plus le temps passe, plus la foule et les files d’attentes pour les navettes deviennent denses. C’est un véritable challenge que de tenter l’endroit et l’envers dans le même dessin, un véritable casse-tête !


Je passe un bon moment au centre de la vieille charité, différentes expositions et musées y sont présents. Le moment du déjeuner est propice à une aquarelle mais la lumière change tellement rapidement que c’est difficile de rester cohérente dans la gestion des ombres portées...
Toujours la même devise : ne pas trop en dire tout en exprimant l’atmosphère du jour et du lieu.