mardi 11 août 2020

Reprise des manifs …


Rien de mieux pour se remettre dans la bain que d’aller dessiner et peindre en manif !

Même si je dessine depuis bientôt quarante ans et que j’ai continué à peindre pendant le confinement, peindre sur le vif en extérieur est aussi une question d’habitude.
Après 55 jours d’arrêt, il faut se remettre à regarder loin, à s’asseoir quelque-part, à mélanger ses couleurs pour trouver la bonne ombre ; se réhabituer au mouvement et au monde mouvant n’est finalement pas une mince affaire. Alors se retrouver au coeur d’une manifestation en hommage à Georges Floyd, masquée, le carnet et la palette en équilibre est presque acrobatique ! Ce jour-là j’ai utilisé un pinceau à réservoir, et pas mal dessiné au stylo plume. J’essaie de capturer l’atmosphère, calme et respectueuse du moment, je suis maladroite, presque gauche, mais ce qui compte c’est d’être là.


Quelques jours plus tard, je me retrouve place de la République avec mon vélo pour suivre la manif en soutien à Adama Traoré, je pense que l’on va marcher jusqu’à Opéra mais je me rends compte rapidement que l’on va rester sur place. Pendant une à deux heures, l’ambiance est calme. J’utilise mon vélo comme chevalet de fortune, après quelques coups de pinceaux à réservoir, je me rends compte que j’ai besoin de vrai pinceau pour capturer l’énergie et la beauté des participants, notamment cette femme perchée sur la barrière. Elle viendra discuter avec moi à plusieurs reprises, c’est elle aussi qui prendra la photo pour mon compte Insta car j’ai oublié mon téléphone.


Soutenir les soignants est important pour moi. Vers Invalides, ils sont nombreux, joyeux et revendicatifs à la fois. Un des syndicats a enregistré tout un tas de chansons sur des airs années 80 pour mettre en scène leurs revendications. J’aime les couleurs vives qui enchantent mon regard. Je m’attache à exprimer ces manifs masquées, comment suggérer ces masques sans en peindre les contours ? Je travaille sur la réserve car parfois ce qu’on laisse en sourdine parle plus que ce que l’on décrit soigneusement. 


Je quitte la manifestation une ou deux heures pour la retrouver sur le pont Alexandre III, je vois des cars de CRS, des fumigènes, je sens la lacrymo. Je ne comprends pas ce qui s’est passé, comment cela a dégénéré ? Je m’interroge sur l’attitude des forces de l’ordre qui ont tendance à « nasser » les manifestants ce qui pousse parfois à la violence...

[aquarelles 21x60cm sur carnet Hahnemuhle et 32x24cm sur papier aquarelle – ©Marion Rivolier ]