Je suis passée en coup de vent à Lille en décembre pour faire une performance dessinée dans un grand magasin autour du thème des Jardins Rêvés. J’avais peint toute la journée mais j’avais quand même envie de saisir l’ambiance nocturne et les lumières de fête. C’est toujours un challenge d’essayer de faire scintiller les lumières de nuit à l’aquarelle. Comment préserver assez de blanc tout en obscurcissant au maximum sans boucher la composition ? J’ai plongé dans les rouges flamboyants et fait virevolter mon pinceau dans le camaïeu de verts sapins. Je suis en terrasse, il fait plutôt frais et les mitaines ne suffisent pas à me réchauffer, je dois aller vite avant de me transformer en glaçon…
Le lendemain, il fait plus doux mais il pleut devant le Palais des Beaux-Arts. Une sorte de bruine constelle mon aquarelle de petites gouttelettes. Le papier est très humide. Je travaille vraiment en mouillé sur mouillé pour ces arbres à l’entrée de l’hiver. Leurs troncs et branches sombres lacèrent le ciel et seules quelques feuilles jaunes orangées le marquent. De larges flaques d’eau déploient des beaux reflets.
Enfin le musée ouvre et je vais découvrir l’Expérience Goya (jusqu'au 14 février 2022), une exposition autour de deux tableaux phares du maîtres : les Jeunes et les Vieilles. Ils sont examinés sous toutes les coutures pour ensuite nous les faire admirer sans artifice ni encadrement . Une grosse claque, une véritable leçon de peinture. Je reste longtemps à les observer. Puis à peindre les Vieilles. Il fait sombre mais la magie opère, je noue le dialogue avec ces femmes aux masques mortuaires. Elles ressemblent tellement à ces vivants aux portes de la mort, ceux dont on n’oubliera jamais le regard qui s’éteint sous nos yeux. En les observant, tristesse et peine se mélangent à la joie que j’éprouve en peignant et au cynisme qu’elles dégagent. Les peindre permet d’entrer dans le coup de pinceau de Goya, de chercher à sa suite et très humblement la manière dont il les a peintes. Comment il passe d’une couleur à l’autre et de l’ombre à la lumière.
Moment d’extase, le résultat ne compte pas c’est le chemin qui y mène qui me fait avancer .
Puis c’est ce corps puissant sculpté qui se détache de l’ombre qui me pousse à peindre. Le sujet m’appelle et je vois la peinture vibrer dans ma rétine. Au fur et à mesure, je vois les deux corps d’enchevêtrer, ce combat, ce mouvement, tout vibre.
Moment d’extase, le résultat ne compte pas c’est le chemin qui y mène qui me fait avancer .
Puis c’est ce corps puissant sculpté qui se détache de l’ombre qui me pousse à peindre. Le sujet m’appelle et je vois la peinture vibrer dans ma rétine. Au fur et à mesure, je vois les deux corps d’enchevêtrer, ce combat, ce mouvement, tout vibre.
C’est ce que j’aime dans la peinture sur le vif, regarder nous emmène ailleurs, vers des palpitations et des sensations que l’on ne peut éprouver que dans le rapport de l’œil à la main.
[ aquarelles 40x30cm sur papier aquarelle – ©Marion Rivolier ]
[ aquarelles 40x30cm sur papier aquarelle – ©Marion Rivolier ]