L’autre jour, je passe devant le Centre Pompidou
et je devine, à travers les vitres, de grosses formes rondes
blanches, jaunes, orange et rouges. Cela semble doux et mou. On a
envie de s’y allonger. Il me semble avoir déjà vue une œuvre du
même type, à la Biennale de Venise, peut-être ou au Palais de
Tokyo à Paris. En la peignant depuis l’extérieur, je prends le
temps de l’observer. J’aime son aspect aérien malgré sa
monumentalité et le jeu de dégradé, de camaïeu de couleurs.
A l’intérieur de l’exposition, elle est
différente, plus dense, colorée, ancrée dans la sol.
Sheila Hicks est peintre, elle peint avec ses
doigts sur des toiles, des tissus, elle les couds, elle les perce, elle les écorche. Elle les tresse, elle construit l’espace avec
des fils, elle le sculpte avec des ballots de matières textiles, de
laines, de couleurs. Elle compose l’espace et elle le fait vibrer
en couleurs, en textures et en lumières.
Le sens du fil est important.
Le fil prend la lumière différemment en fonction du sens, vertical
ou horizontal Si on le regarde de face, c’est différent que
si on le regarde en marchant. Le mouvement du visiteur donne vie au
motif, à la couleur et à la lumière