Enfin le 10 septembre, les laizes de tissus ont été déployées. Elles recouvrent et masquent l’arc de triomphe. C’est une épure éblouissante, un dessin parfait. Je ne peux pas m’en détacher. Je fais le tour longuement, je m’arrête, je peins ; je vais rester presque quatre heures. Je vais voir le soleil se coucher, la nuit tomber, la nuit grisâtre avec l’arc de triomphe qui disparaît quasiment en ton sur ton puis l’allumage du monument, d’abord verdâtre et enfin argenté, brillant comme un diamant taillé, presque trop clinquant maintenant… je préfère la version « jour » quand le ciel se reflète suavement dans le tissu et que les couleurs du jour le fond passer d’un rose doré à un bleu subtil en quelques minutes.
Sublime, comme un temps suspendu.
Quelle incroyable légèreté pour 35000 m² de tissu ceinturés par 3000 mètres linéaires de corde rouge
Tous les cadrages, tous les points de vue, toutes les valeurs de champs, j’ai cherché à varier ma position et ma vision ; j’aurais voulu en peindre plus, en peindre d’autres pour comprendre et garder dans ma mémoire corporelle cette dernière œuvre emballée de Christo et Jeanne Claude.
Ils ont offert aux parisiens, aux habitants la possibilité d’envahir et se réapproprier la place de l’Étoile vidée de ses voitures. Un bonheur non négligeable. Ils ont fait parler, penser, se disputer, vitupérer, aimer et détester, c’est ce que j’aime dans l’art, l’art de transformer un instant de vie dans l’espace et le temps de chacun.e.Le tissu et le cordage seront recyclés en Allemagne pour des sols de terrain de foot, des entreprises françaises se sont mobilisées sous le #upwrapping pour proposer d’autres types de recyclage des ces matières, plus locaux ; affaire à suivre...
[ aquarelles 40x30cm sur papier aquarelle – ©Marion Rivolier ]