C’est étrange, alors que je les ai vu des dizaines de fois, j’ai l’impression de les voir pour la première fois. Au contact de la lumière et des béninois, ils se rechargent d’une nouvelle puissance. Je redécouvre des motifs, des détails, des couleurs … les bochios sont comme vivants dans les mains de l’équipe. Je suis émue aux larmes. Chaque jour, chaque déplacement d’œuvre me réjouit. Enfin on touche au but, avec difficultés mais on y arrive. Chaque vitrine que l’on ferme est un pas de plus dans ce projet fou.
Retirer les forces vives mais aussi l’art et la culture, c’est priver la mémoire d’un peuple.
Pendant deux semaines, je participe à l’accrochage de l’exposition qui présente une centaine d’œuvres contemporaines par 34 artistes béninois. Même si je me doutais de la richesse artistique du Bénin, je suis étonnée de découvrir autant de propositions artistiques. Leur art est emprunt de l’art de cour du royaume d’Abomey et de la culture vodun. Les matériaux, les couleurs, les motifs et les cultes sont une source d’inspiration forte. Les artistes s’en emparent pour interpréter les codes ( Glèlè, Tokoudagba, Pédé, Dossou, etc. ) ou pour les réinterpréter et en donner des formes nouvelles ( Hazoumé, Donoumassou, Aïsso, par exemple ).
Observer, manipuler, mettre en relation les œuvres les unes avec les autres, de près ou de loin, expliquer aux socleurs comment maintenir les sculptures de Kouas ou accrocher les tableaux de Tchiff, me remplit. Ces moments partagés avec les équipes et certains des artistes sont tellement enrichissants qu’ils balaient toutes les difficultés que l’on peut rencontrer dans le montage de telles expositions.